Extrait du prologue de Alpha Andromedae

Bonjour à toi,

Voici le prologue du tome 1 de Prima Andromedae.

Quelque part sur Prima

« J’ai mal à la tête… » C’était la dernière chose qu’elle se rappelait avoir dite avant de s’évanouir. Encore! Elle était couchée de tout son long au sol. Elle se redressa et s’assit, les yeux fermés. Sa tête se mit à tourner.

« Oh, mon Dieu! Ces migraines ne vont-elles jamais s’arrêter? » pensa-t-elle en gémissant.

Elles étaient de plus en plus fréquentes, à un tel point que son médecin de famille lui avait fait passer une scintigraphie cérébrale au cas où. Aucune lésion, aucune tumeur. Et aucun médicament ne faisait effet.

C’était bizarre que Dominic ne l’ait pas retenue avant qu’elle s’effondre. Pourtant, il était là quelques instants plus tôt. Ils étaient en train de planifier un voyage dans une belle île des Caraïbes pour les prochaines vacances de Noël.

— Chéri? murmura-t-elle.

N’obtenant pas de réponse, elle se décida à enfin ouvrir les yeux. Ce qu’elle découvrit la laissa pantoise.

Elle ne se trouvait pas dans son appartement de Montréal; ça, c’était sûr… Elle était plutôt assise au beau milieu de ce qui lui semblait être une sorte de temple qui paraissait très ancien. Le long des murs, des torches éclairaient la salle. Tout y était gris, vieux. « Mais, qu’est-ce que je fais là, bon sang? » se demanda-t-elle, totalement perdue.

— Il y a quelqu’un ? Dom, tu es là?

Seul l’écho de sa voix se répercuta à travers la salle vide, la faisant sursauter. « Je dois rêver », songea-t-elle. Après toutes ces migraines et ces médicaments ingurgités, voilà qu’elle était maintenant prise de folie. Elle ferma les yeux, compta jusqu’à cinq et les ouvrit de nouveau. Rien n’avait changé!

Son regard devint moins flou, et elle put observer avec netteté ce qui l’entourait. Elle était toujours dans cet endroit ressemblant à un lieu religieux. Elle commença par se mettre debout, chancelante, puis essuya ses mains poussiéreuses sur son jeans.

Elle regarda tout autour d’elle avec attention. De grandes statues avec les ailes déployées se trouvaient aux quatre coins de la salle. Sur la gauche, au fond, elle aperçut une longue table et des chaises renversées. De nombreux blasons et ornements étaient accrochés à la pierre.

La végétation avait pris possession des lieux. Des plantes grimpantes couraient le long des colonnes en marbre. D’immenses et majestueux arbres centenaires s’y étaient installés, leurs branches se touchant de part et d’autre, créant comme une allée ombragée. Leurs lianes énormes serpentaient tout au long des murs de pierre. Elle pouvait entendre de l’eau s’écouler tranquillement à proximité.

De là où elle se trouvait, la jeune femme constata qu’elle était sur un petit promontoire dominant la pièce. Baissant les yeux, elle remarqua également qu’elle se trouvait au beau milieu d’un immense cercle orné d’une étoile bleue. Des symboles inconnus se liant les uns aux autres, comme soudés. Elle secoua la tête avec incompréhension. « Comment ai-je pu atterrir là? » se demanda-t-elle.

Elle se passait les deux mains sur le visage, laissant de la poussière bleue sur l’une de ses joues, quand elle entraperçut un mouvement furtif sur sa droite.

— Hé, oh! Il y a quelqu’un? cria-t-elle en direction de l’endroit où elle avait vu quelque chose bouger. Hé! Ne vous cachez pas… Je vous ai vu! continua-t-elle de plus belle.

Elle envisageait de descendre du promontoire où elle se trouvait quand elle se dit que ce n’était sans doute pas une très bonne idée. Où était Dominic? Et si elle avait été enlevée par un fou psychopathe? Un tueur en série?

Sa seule chance de s’en tirer était de sortir rapidement de cet endroit et de trouver du secours.

En se retournant sur elle-même, elle discerna une lumière plus vive que les autres. « C’est sûrement celle du soleil », pensa-t-elle. « La sortie!  »

La tranchée entourant le promontoire où elle était placée ─ à la vue de tous ─ faisait tout au plus 1 m de large. Elle jeta un regard en arrière, et un autre mouvement inquiétant l’aida à prendre sa décision.

Il était hors de question qu’elle reste plus longtemps dans cet endroit sinistre! Hop! Sans difficulté, elle parvint à sauter au-dessus du creux.

La sensation lui indiquant qu’une autre migraine allait surgir se manifesta juste au moment où elle s’apprêtait à s’élancer en direction de la lumière. « Non, non! Pas maintenant!  »

Elle avait besoin de tous ses sens pour parvenir à la sortie et se sortir de ce guêpier…

Alors qu’elle courait, la jeune femme sentit une chose se déplacer, et cette dernière n’était pas seule ! De l’autre coin de l’œil, elle aperçut quelque chose s’élancer à son tour dans sa direction; ce n’était pas humain… cela haletait. Elle ne voulait pas savoir ce que c’était et accéléra donc sa course. Il fallait qu’elle arrive à ce passage coûte que coûte. Hélas, à la place d’une sortie vers l’extérieur comme elle l’espérait, elle tomba sur une pièce avec une lucarne pour seule source de lumière. Cette dernière était placée tout en haut du mur. « Oh, non! La poisse… »

Sa migraine s’accentuait. Elle n’avait jamais eu aussi mal.

Elle trébucha sur une racine puis tomba. Un long gémissement s’échappa de sa gorge. Elle n’avait jamais éprouvé une douleur aussi vive de sa vie. Cela irradiait maintenant dans tout son corps, à tel point qu’elle se tordait de souffrance au sol. Elle s’arqua sous la douleur. Son mal descendit de la base de la nuque pour la piquer comme une aiguille à la base de sa colonne vertébrale. Mais que lui arrivait-il?

Un voile vint obscurcir un instant sa vision. La jeune femme roula sur le dos. Elle haletait. En tentant de reprendre son souffle, elle distingua différentes statues le long du mur. De gigantesques statues. Une en particulier se détachait du reste et lui était familière. C’était son portrait tout craché…

Elle entendit des pas qui s’approchaient d’elle.

Tout comme une décharge électrique, la douleur arqua une fois de plus son corps en un clin d’œil. Elle poussa un long cri de souffrance. Elle ne pouvait pas bouger tant cette dernière était devenue atroce. Son corps n’était qu’une boule de lave en fusion, et pourtant, son esprit essayait malgré tout de comprendre ce qui se passait en ce moment.

— Opal… murmura une voix douce comme une plainte.

La femme sursauta en entendant son second prénom résonner. Une femme apparut devant elle… étrangement, nue. Ses longs cheveux blancs couvraient ses parties intimes.

Cette inconnue était d’une beauté angélique. En lui souriant, elle s’agenouilla près d’elle sans la toucher. Ses yeux bleu saphir l’emprisonnèrent un instant, comme si elle les reconnaissait.

Un lion vint se mettre à ses côtés — un énorme lion à la fourrure couleur sable blond. Lorsqu’il tourna son visage dans sa direction, elle eut un léger sursaut. Ses yeux étaient également d’une étrange teinte dorée. Encore un air de déjà-vu.

Une douleur hallucinante traversa soudainement tout son corps, si fulgurante que la jeune femme s’arc-bouta de douleur. Un hurlement s’échappa à nouveau de sa bouche. Ses yeux devinrent d’un blanc laiteux et un halo de brume vint se placer autour d’elle.

Elle s’arc-bouta une dernière fois et s’évanouit dans les airs, laissant des résidus d’énergie bleue là où elle avait disparu.

— Nous y étions presque, Annabella, souffla le lion.

— Je sais, mon ami, lui répondit-elle en baissant les yeux vers lui tout en se relevant. J’ai confiance… elle reviendra, n’est-ce pas? demanda-t-elle en se tournant légèrement vers une troisième personne qui se trouvait derrière eux.

Cette personne posa une main blanche sur l’épaule de la femme et fit courir son autre main dans l’imposante crinière du lion.

— Oui, elle sera bientôt là… Tr̂aths ir̂shin, Guulchai Opal .

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Un homme se tenait la tête entre les deux mains. Il grimaça, contraint de s’agenouiller avant de gémir de douleur.

— Opal… murmura-t-il difficilement.

Dans une autre dimension

— La Prêtresse de l’Air a pu finalement la téléporter jusque sur la planète Prima, constata un homme brun et barbu, les bras croisés sur sa large poitrine. Elle a enfin ouvert ce putain de portail !

Trois hommes regardaient avec beaucoup d’intérêt sur un immense écran holographique ce qui se déroulait dans le temple : le réveil de la femme, sa course à travers le temple et sa disparition soudaine.

— Il était temps, oui! s’exclama, ravi, un autre homme aussi grand que l’autre, mais à la peau noire tout en frappant son poing dans sa main.

Les mains sur les hanches, il ne quittait pas le visage de la jeune femme du regard. Ses yeux brillaient d’excitation, mais également d’une peur qu’il ne pouvait cacher.

« Nous l’avons trouvée… »

— Ildkrig, est-ce que les boucliers se sont bien mis en place? demanda-t-il aussitôt.

— Oui, automatiquement, ne t’inquiète pas, répondit le barbu en lui jetant un coup d’œil acéré. Ils se sont placés comme lors de son premier réveil. La Citadelle n’a reçu aucun signal. Nous avons de l’avance sur eux.

— De l’avance… rien n’est certain. On y était presque, la dernière fois… Je ne peux pas, je ne veux pas…

L’homme arrêta de parler; il semblait tourmenté. Il passa ses mains sur son visage et expulsa difficilement tout l’air dans ses poumons.

Le troisième homme posa sa main sur son épaule. Il semblait chétif en comparaison aux deux autres, mais avait un regard brillant de savoir.

— Abzu... commença-t-il, attendant que son ami le regarde pour continuer. Je sais que c’est très dur pour toi, mais ça l’est pour nous aussi, tu le sais bien, dit-il tout en secouant légèrement sa tête. Sa ressemblance est étonnante, et le fait de la revoir en vie après tout ce temps, c’est une malédiction, mais également une bénédiction; on le sait tous! Ce plan-ci est le meilleur que nous ayons. Meilleur que ceux des autres fois. Cette fois-ci, c’est la bonne, j’en suis sûr !

Le dénommé Abzu fit un rictus tout en passant un bras autour de l’épaule d’Ildkrig, qui passa son avant-bras autour de leurs épaules.

— Ohm, ta parole est vérité! Cette fois-ci, c’est la bonne! répéta Abzu avec conviction, son visage orné d’un demi-sourire alors qu’il regardait à nouveau celui de la femme.

— On va pouvoir enfin leur rendre la monnaie de leur pièce! gronda Ildkrig.

Lui aussi contemplait la femme avec confiance.

— J’ai déjà hâte d’être là.

— Il est temps de réveiller nos amis, fit Abzu en se retournant vers six cocons dorés, placés au centre d’une salle voûtée illuminée par les rayons d’une étoile.

Montréal, Canada

La première chose qu’elle vit en se réveillant fut le plafond blanc de sa chambre. Sa tête tournait un peu, mais elle allait beaucoup mieux que tout à l’heure. Quel étrange rêve elle avait fait! Tellement réaliste…

Elle s’assit sur son lit lentement et soupira longuement tout en dépliant son corps. Elle était épuisée, comme si elle avait couru un long sprint. Enfin, elle l’avait fait dans son rêve. Toutefois, elle n’avait aucune raison d’être aussi fatiguée.

— Tu es enfin réveillée, Laura! s’exclama une voix légèrement inquiète.

Les cheveux décoiffés, une barbe de trois jours... craquant, comme d’habitude. Dominic, son petit ami, se tenait près de la porte.

— Tu t’évanouis de plus en plus souvent, ma chérie… Est-ce que ça va? demanda-t-il en s’asseyant près d’elle.

L’homme plissa les yeux en voyant la trace bleue sur sa joue.

— Je suis restée inconsciente combien de temps?

— Pas longtemps. Hum... 2 ou 3 minutes environ, répondit-il en la scrutant intensément.

Il avait semblé à Laura que cela avait duré bien plus longtemps.

— Laura, tu transpires…

— J’ai un peu chaud, mon chéri. Ça ira, dit-elle en lui souriant faiblement.

Elle passa sa main sur son cou et souleva ses dreadlocks par la même occasion, faisant tomber sur le lit des grains de poussière bleue. Le regard de l’homme dévia un court instant vers la couette blanche qui se teintait de bleu; il plissa le front tout en penchant la tête de côté. Quand il releva les yeux, son visage se crispa légèrement; il venait d’apercevoir des traces bleues sur son avant-bras droit également.

— Tu devrais t’allonger un peu, suggéra-t-il en se levant. Je t’amène un verre d’eau.

— Merci, chuchota Laura en se recouchant.

Quand Dominic revint avec le verre, elle s’était endormie. Il le déposa sur la table de chevet et s’accroupit devant la jeune femme. Il prit son bras taché de poussière bleue et le renifla. Le noir de ses iris pulsa un court instant. Ce fut rapide. Puis son regard redevint normal. Il lui passa la main sur le front en grimaçant et sortit doucement de la chambre.

Devant la baie vitrée, il sortit son cellulaire.

14 : 38 Dom : Elle vient de réapparaître. Fais cesser les recherches!

14 : 39 Jo : OK. J’envoie l’ordre!

14 : 41 Jo : Comment sont ces constantes?

14 : 42 Dom : Plus élevées que la normale.

14 : 43 Jo : Est-ce qu’elle est consciente de ce qui s’est passé?

14 : 44 Dom : Non, je ne crois pas. Elle vient de s’endormir.

14 : 45 Jo : RDV demain, 8 h. On lui fera passer des tests à nouveau et tu me raconteras.

14 : 45 Dom : OK.

REMARQUE : CE LIVRE CONTIENT DES PASSAGES VIOLENTS ET EST CONSEILLÉ A UN PUBLIC DE PLUS DE 16 ANS!

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